Aligner la stratégie informatique et les objectifs de la cession
Une cession d’entreprise n’est pas uniquement un événement financier, c’est aussi un passage de relais où la vision managériale et la culture d’entreprise peuvent changer de main. L’informatique a un rôle clé dans cette transition. Par exemple, si l’acheteur ambitionne d’accroître la productivité via la mise en place de solutions cloud ou d’outils collaboratifs, il doit trouver une base technique suffisamment robuste pour amorcer cette transformation dès son arrivée. Cet alignement stratégique est souvent abordé lors des négociations et se retrouve dans les éléments de business plan post-cession.
Pour procéder efficacement, il est indispensable de dresser un état des lieux précis du parc logiciel et matériel. Cela inclut l’inventaire des équipements (serveurs, postes de travail, périphériques), la liste des logiciels en usage (CRM, ERP, outils bureautiques), ainsi que les modalités sous-jacentes : contrats de licence, maintenance, mises à jour automatiques, etc. Certains outils sont anciens, parfois obsolètes, et n’honorent plus les exigences actuelles en matière de performance ou de sécurité. Dans le cadre d’une cession, mettre en conformité ces équipements et procéder aux migrations nécessaires constitue non seulement un gage de professionnalisme, mais aussi une preuve tangible de l’adhésion à une démarche d’amélioration continue.
J’ai eu l’occasion de travailler avec une PME dans le secteur de la distribution automobile. Le dirigeant souhaitait céder son entreprise à un grand groupe spécialisé dans la vente de véhicules. L’un des points critiques était l’intégration de son logiciel de gestion de stocks avec la plateforme du futur acquéreur. Nous avons donc procédé à des tests de compatibilité, puis effectué des ajustements techniques avant même la signature du protocole d’accord. Résultat : les négociations ont été fluides et le repreneur s’est montré particulièrement confiant en constatant la proactivité de la PME dans la résolution des problèmes informatiques. Ce cas illustre parfaitement l’importance de se projeter dans la période post-cession pour démontrer la solidité numérique de l’entreprise.
Anticiper les évolutions technologiques
Planifier la relève va nécessairement de pair avec l’anticipation des évolutions technologiques à court et moyen terme. Dans la plupart des secteurs, la digitalisation des processus s’accélère. Les systèmes d’information doivent donc se montrer suffisamment agiles pour soutenir la croissance future de l’entreprise, même après son changement d’actionnaire. Il est alors opportun d’indiquer dans la documentation de cession ou dans le business plan, les éventuels projets informatiques en cours, les chantiers d’évolution ou de refonte, ainsi que les budgets associés.
Au-delà du simple effet d’annonce, cette planification démontre au repreneur que l’entreprise se projette avec sérénité dans l’avenir numérique. Un dirigeant avisé va donc mettre en avant un calendrier clair, indiquant par exemple qu’une migration vers le cloud est envisagée pour la fin de l’année, ou que certaines infrastructures on-premises seront renouvelées dans les deux ans. Ces éléments, présentés de manière concrète, permettent de rassurer la partie acquéreuse sur la modernité et la réactivité du système d’information. D’un point de vue purement financier, le coût de ces évolutions doit être intégré dans le plan d’affaires, de sorte à ne pas créer de mauvaises surprises lors des négociations.
Respect des réglementations et obligations légales
Un autre aspect incontournable concerne la conformité aux normes en vigueur. Le Règlement Général sur la Protection des Données (RGPD) est sans doute l’exemple le plus emblématique de ces dernières années. Toutefois, de nombreuses lois sectorielles imposent à certaines entreprises des exigences spécifiques en matière de stockage ou de transmission de données. Dans le cadre d’une cession, le repreneur sera particulièrement attentif à ces questions, car tout manquement peut se traduire par des pénalités administratives ou des procédures judiciaires.
Les dirigeants ont donc tout intérêt à réaliser un audit de conformité pour identifier les éventuelles failles : bases de données clients mal sécurisées, absence de consentement explicite pour les mailings, contrats de sous-traitance non conformes, gestion des droits d’accès inadaptée, etc. Pour rassurer un potentiel acquéreur, il est judicieux de fournir la preuve que l’entreprise a déjà pris des mesures concrètes : politiques de confidentialité rédigées, plans de sauvegarde opérationnels, formations internes à la sécurité informatique, registres des traitements de données à jour. Non seulement ces dispositions renforcent la crédibilité auprès de l’acheteur, mais elles évitent également de coûteuses réorganisations ultérieures, une fois la transition effectuée.